Compostage des effluents organiques : une solution durable pour la fertilisation des sols
Le compostage des effluents organiques, comme les fumiers, les lisiers ou autres résidus organiques, représente une méthode efficace et écologique pour transformer des déchets agricoles en un amendement riche en nutriments. Ce processus contribue non seulement à la gestion des effluents, mais aussi à l’amélioration de la fertilité du sol, en réduisant la dépendance aux engrais chimiques. Découvrons les avantages et les bonnes pratiques du compostage des effluents organiques.
Le compostage : définition et principes
Le compostage est un processus biologique aérobie où des micro-organismes dégradent la matière organique en présence d’oxygène, pour produire du compost, un amendement riche en humus. Ce processus se déroule à des températures élevées (de 40°C à 65°C) et peut durer plusieurs semaines. Les effluents organiques, comme le lisier ou le fumier, sont souvent utilisés comme matières premières pour le compostage. Une fois compostés, ces effluents deviennent plus faciles à manipuler et à épandre, tout en étant moins susceptibles de polluer l’environnement.
Les avantages du compostage des effluents organiques
Réduction de la pollution
Le compostage permet de limiter les risques de pollution liés à l’épandage des effluents organiques, notamment la contamination des eaux souterraines par les nitrates et la volatilisation d’ammoniac. Les matières compostées sont moins susceptibles de causer des émissions de gaz à effet de serre et de dégrader la qualité de l’eau.
Amélioration de la structure du sol
Le compost enrichit le sol en matière organique stable, ce qui améliore sa structure, son aération et sa capacité à retenir l’eau. Un sol bien structuré est plus résistant à l’érosion et plus fertile, offrant un meilleur environnement pour les racines des plantes.
Libération contrôlée des nutriments
Les effluents compostés libèrent leurs nutriments plus lentement que les effluents frais. Cette libération graduée permet une meilleure synchronisation avec les besoins des cultures, réduisant ainsi le risque de pertes par lessivage ou volatilisation.
Réduction du volume des effluents organiques
Le compostage permet de réduire le volume des effluents organiques, facilitant leur stockage et leur transport. Cette réduction est particulièrement importante pour les exploitations ayant une forte production de lisier ou de fumier.
Assainissement des effluents organiques
Les températures atteintes par le compost permettent de détruire une grande partie des micro-organismes ainsi que des graines d’adventices présentes.
Valorisation des déchets agricoles
Le compostage permet de transformer les déchets organiques en un produit de valeur. Le compost peut être utilisé pour fertiliser les sols agricoles, mais aussi dans les espaces verts, les jardins ou les plantations. Cela représente une valorisation économique et écologique des déchets.
Note réglementaire des avantages
Période d’apport autorisé allongé pour le compost de fumier de volaille
Le fumier de volaille est considéré comme des lisiers ou des digestats liquides du fait de sa richesses en nutriment et sa minéralisation rapide. De ce fait, la période d’apport est réglementairement plus courte que les fumiers.
Le compostage permet d’augmenter les périodes d’épandage réglementaires :
- de 2 mois pour le colza
- de 1,5 mois pour les cultures légumières
- jusqu’à 4,5 mois pour les cultures d’automne
Il est également possible de l’apporter plus tôt sur le maïs : dès le 15 janvier vs à partir du 15 mars pour le fumier de volaille.
Réduction des distances d’épandage par rapport aux habitations
Réduite à 10 m grâce à une baisse significative des odeurs.
Les bonnes pratiques de compostage des effluents organiques
Pour réussir le compostage des effluents organiques, il est essentiel de respecter certaines bonnes pratiques afin d’optimiser le processus et d’obtenir un compost de qualité.
Choix des matières premières
Le compostage des effluents peut inclure divers matériaux comme des fumiers, des lisiers, des résidus végétaux, des pailles, des copeaux de bois ou encore des déchets alimentaires.
Il est important de maintenir un bon équilibre entre les matériaux riches en azote (comme les fumiers ou lisiers) et ceux riches en carbone (comme la paille ou les résidus de cultures).
Un rapport carbone/azote (C/N) de 25-30 est souvent recommandé pour favoriser une dégradation optimale.
Aération du tas de compost
Le compostage est un processus aérobie, ce qui signifie qu’il a besoin d’oxygène. Pour assurer une bonne aération, il est conseillé de retourner régulièrement (minimum deux retournement) le tas de compost afin d’éviter la formation de zones sans oxygène qui ralentiraient la dégradation et pourraient provoquer des odeurs désagréables.
Contrôle de la température et de l’humidité
La température doit être régulièrement surveillée. Un compost de qualité doit atteindre des températures entre 40°C et 65°C pour détruire les agents pathogènes et les graines de mauvaises herbes.
En outre, l’humidité doit être contrôlée, car un compost trop sec ne se dégrade pas correctement (arroser le compost), tandis qu’un compost trop humide peut devenir trop compact (aérer le compost) et favoriser la formation de mauvaises odeurs.
Période de maturation
Après la phase de compostage active, il est nécessaire de laisser le compost mûrir pendant plusieurs mois. Cette période de maturation permet aux micro-organismes de terminer la dégradation et à la matière organique de se stabiliser.
Un compost mûr est plus stable, facile à épandre et moins susceptible de causer des déséquilibres nutritionnels dans le sol.
Couverture du compost
L’utilisation de bâches sera importante pour éviter la perte d’éléments minéraux en cas de fortes précipitation sur les andains.
Privilégier des bâches géotextiles semi-perméables assez lourde (permet de maintenir les échanges gazeux).
Ne pas utiliser de bâches d’ensilage. Elle sera à mettre en place après le dernier retournement et lestée.
Suivi et contrôle de la qualité
Un suivi constant du processus de compostage est essentiel. Il est conseillé de tester régulièrement la température, l’humidité et le pH du compost. Un compost bien fait aura un pH neutre ou légèrement alcalin, une texture friable et une odeur terreuse.
Obligation du suivi de la température des andains.
La température doit être :
- supérieur à 55°C durant au moins 15 jours durant la phase transformation
- supérieur à 50°C durant au moins 6 semaines
De plus il est imposé de retourner au moins deux fois l’andains. Les dates de retournement, d’arrosage, le suivi des températures ainsi que le type d’effluent, le positionnement du site de compostage doit être consigné dans un registre en cas de contrôle.
Un détail des prescriptions réglementaires est développé ci-dessous.
Résumé des contraintes réglementaires pour le compostage des effluents d’élevage
Régimes applicables pour un élevage
- < 3 t/jour : RSD – Déclaration en mairie
Sauf s’il y a connexité avec un élevage ICPE, alors les règles en élevage et leur prescriptions (bovins, porcs et volailles) s’appliquent ainsi :
– Déclaration : Article 4.4 et 8.3
– Enregistrement : Article 27-5, 29 et 39
– Autorisation : Article 27-5, 29 et 39
- 3 à 30 t/jour : ICPE rubrique 2780 – Déclaration en préfecture
- 30 à 75 t/jour : ICPE rubrique 2780 – Enregistrement en préfecture
- > 75 t/jour : ICPE rubrique 2780 – Autorisation préfectorale
Implantation & distances
- Points d’eau (hors approvisionnement en eau potable) : ≥ 35 m
- Habitations : 50 à 200 m selon nature des matières et le régime applicable
- Zones sensibles : respect des périmètres de protection des captages, zones inondables, zones humides, etc.
Prescriptions techniques
- S’il existe une aire étanche, une récupération ou un traitement des jus est exigée
- Suivi obligatoire : température > 55 °C pendant 15 j en ICPE élevage (72 en ICPE compostage seule) ou > 50 °C pendant 6 semaines (avec enregistrement).
Épandage
- Compost conforme à la norme NF U 44-051 : pas de restriction particulière. Des méthodes validées peuvent être exigées permettant de s’assurer que les analyses obligatoires seront conformes notamment sur les pathogènes (hygiénisation) et les métaux lourds.
- Compost à la ferme : plan d’épandage obligatoire et distances à respecter
- ≥ 35 m : points d’eau hors AEP
- ≥ 10 m : habitations pour les effluents d’élevage ICPE compostés
- 15 à 50 m : pour les rubriques ICPE 2780 exclusives
- ≥ 10 m : au minimum des cours bordés d’une bande enherbée (ICPE exclusivement)
Les défis du compostage des effluents organiques
Malgré ses nombreux avantages, le compostage des effluents organiques présente quelques défis à relever, notamment :
- Gestion des odeurs : lors de la dégradation des matières organiques, des odeurs peuvent se dégager, surtout si la gestion de l’aération ou de l’humidité est insuffisante.
- Temps de compostage : le compostage peut prendre plusieurs mois, ce qui nécessite une bonne planification, notamment pour les exploitations agricoles de grande taille (entre 1,5 et 4 mois de compostage)
- Espaces de stockage : le compostage nécessite un espace suffisant pour le tas de compost et pour le stockage du produit final. L’espace doit être bien géré pour éviter la pollution du sol ou de l’eau.
Conclusion : une méthode durable et avantageuse
Le compostage des effluents organiques est une technique de gestion des déchets qui présente de nombreux avantages pour une agriculture durable.
En réduisant les pollutions, en améliorant la qualité du sol et en offrant une fertilisation plus contrôlée, cette méthode contribue à l’efficacité économique tout en préservant l’environnement.
Grâce à des pratiques de compostage adaptées, les exploitants peuvent tirer parti de leurs effluents tout en réduisant leur empreinte environnementale.
Source : petit guide du compostage à la ferme (2017), Vallée de l’herbasse
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