Conjoint collaborateur MSA : comprendre la réforme et préparer la transition

  • Agriculture
  • Réformes agricoles
Publié le 24 novembre 2025
Couple de conjoints collaborateurs MSA travaillant ensemble dans un champ agricole, illustrant la réforme et la transition du statut en milieu rural.

Le statut de conjoint collaborateur MSA évolue et bouscule l’organisation des exploitations agricoles. Limité à cinq ans depuis 2022 et appelé à disparaître fin 2026, il oblige les exploitants à anticiper la transition vers un nouveau statut et à comprendre les impacts en matière de cotisations, retraite, droits sociaux et organisation. Cet article fait le point sur les règles et les options possibles.

À quoi sert le statut de conjoint collaborateur MSA ?

La MSA (Mutualité Sociale Agricole) est l’organisme qui gère la protection sociale des exploitants et salariés agricoles. C’est l’équivalent de la Sécurité sociale pour le secteur agricole.

Le statut permet au conjoint d’un chef d’exploitation agricole de participer régulièrement à l’activité sans être rémunéré comme salarié.

Il offre notamment :

  • une protection sociale minimale, y compris pour la retraite ;
  • la possibilité de participer à la gestion et aux décisions ;
  • une reconnaissance officielle du rôle du conjoint dans l’entreprise agricole.

Ce statut était souvent choisi pour son coût réduit, mais il présentait aussi des limites (droits vieillesse plus faibles, couverture sociale partielle, absence de rémunération).

La réforme vise donc à sécuriser les parcours professionnels en incitant les conjoints à adopter un statut offrant davantage de droits.

Statut conjoint collaborateur limité à 5 ans

Depuis le 1er janvier 2022, le statut de conjoint collaborateur MSA est plafonné à 5 ans. Une mesure issue de la loi Pacte dont l’objectif est de renforcer la protection sociale des conjoints travaillant dans les exploitations agricoles.

Cette réforme concerne à la fois :

  • les personnes nouvellement affiliées à la MSA ;
  • les personnes qui détenaient déjà ce statut avant 2022.

Pour les conjoints collaborateurs déjà inscrits avant cette date, le statut prendra fin le 31 décembre 2026.

Le conjoint deviendra automatiquement salarié s’il n’a pas effectué une autre démarche.

La MSA demande donc aux exploitants agricoles d’anticiper leur choix avant la fin 2026.

Dérogation possible : qui peut conserver son statut au-delà de 2026 ?

Une dérogation importante existe pour éviter un changement de statut juste avant le départ à la retraite.

Sont concernés les conjoints collaborateurs :

  • nés avant le 1er janvier 1965 (générations 1964 et antérieures) ;
  • atteignant l’âge de 67 ans avant le 1er janvier 2032 ;

Pour cette catégorie, le statut conjoint collaborateur peut être conservé jusqu’à la retraite, sans obligation de transition en 2026.

L’objectif est d’éviter une modification administrative coûteuse et de courte durée pour les personnes proches de la fin de carrière.

Quels sont les choix possibles après la fin du statut ?

Au 31 décembre 2026, les conjoints doivent obligatoirement opter pour l’un des statuts suivants :

Devenir co-exploitant

Ce choix convient aux couples partageant la gestion de l’exploitation.

Il implique :

  • une inscription comme co-chef d’exploitation ;
  • des cotisations plus élevées, mais aussi de meilleurs droits à la retraite ;
  • une reconnaissance complète du rôle du conjoint.

C’est le statut le plus protecteur, mais aussi le plus coûteux.

Devenir salarié

Le conjoint peut être embauché comme salarié de l’exploitation.

Cela permet :

  • de percevoir un salaire ;
  • de bénéficier d’une protection sociale complète ;
  • d’acquérir des droits à la retraite plus importants que dans le statut collaborateur.

C’est l’option par défaut en cas d’absence de choix.

Devenir chef d’exploitation

Dans les situations où le conjoint reprend ou crée une activité indépendante au sein de l’exploitation.

Quels critères pour choisir ?

Chaque option présente des avantages et des inconvénients selon le profil du foyer agricole :

  • niveau de participation réelle du conjoint ;
  • capacité financière de l’exploitation ;
  • objectif en matière de retraite ;
  • besoin de protection sociale renforcée ;
  • projets d’évolution ou de transmission de l’exploitation.

Quels impacts sur les cotisations sociales et la retraite ?

Conjoint collaborateur : cotisation sociales

Le statut collaborateur a longtemps été prisé pour son coût modéré, notamment en MSA. Mais cette économie s’accompagnait d’une couverture sociale limitée.

Les nouveaux statuts (salarié, co-exploitant) impliquent :

  • des cotisations plus élevées ;
  • une protection sociale plus complète ;
  • de meilleurs droits vieillesse.

Conjoint collaborateur : retraite

Beaucoup de conjoins découvrent tardivement que le statut collaborateur n’offre qu’un nombre limité de trimestres et de points retraite.

Passer à un statut plus protecteur permet de :

  • valider davantage de trimestres ;
  • améliorer le montant de la pension future ;
  • sécuriser le parcours professionnel.

Les femmes sont particulièrement concernées, car environ 90 % des conjoints collaborateurs sont des conjointes.

Source :  Dossier de presse Loi Pacte – Ministère de l’Économie 2019

Quels risques en cas d’absence de choix ?

Sans action avant le 31 décembre 2026 :

  • le conjoint basculera automatiquement en statut salarié, sans étude préalable ;
  • l’exploitation devra déclarer un contrat de travail, payer des cotisations et gérer la paie ;
  • cela peut entraîner un coût non anticipé ou un statut inadapté à la réalité de la participation du conjoint.

L’enjeu est donc d’éviter une transition subie.

Comment la MSA informe t-elle les conjoints collaborateurs ?

La MSA a lancé un plan de communication national via des emails ciblés, les réseaux sociaux et la presse agricole.

Vous trouverez également des informations complémentaires sur le site internet de la MSA.

L’objectif est de prévenir l’ensemble des foyers agricoles concernés et de rappeler l’importance du choix du nouveau statut.

Comment bien préparer la transition avant 2026 ?

Pour sécuriser votre situation, il est conseillé de :

  • faire un point précis sur la participation réelle du conjoint ;
  • évaluer les droits à la retraite actuels et futurs ;
  • simuler le coût des différents statuts (salarié, co-exploitant, chef d’exploitation) ;
  • anticiper les démarches administratives ;
  • étudier l’impact sur l’organisation de l’exploitation et la fiscalité du foyer.

Un accompagnement personnalisé est indispensable pour optimiser le choix.

Cerfrance Brocéliande vous accompagne

Le passage du statut de conjoint collaborateur MSA à un nouveau statut est une étape importante dans la vie de l’exploitation.

Vous souhaitez anticiper la fin du statut et éclairer votre décision ?

Contactez-nous