Réduction de l'utilisation des fongicides sur blé tendre : des leviers à disposition
Et si vous pouviez sécuriser vos marges culturales, gagner en performance économique tout en protégeant la qualité de l’eau ? Comment réduire l’usage des intrants de synthèse sans compromettre la santé de vos cultures ? Quelles pratiques efficaces adopter pour mieux gérer vos sols, limiter les maladies et préserver les ressources naturelles de votre territoire ? Découvrez des solutions concrètes pour cultiver de manière durable tout en répondant aux enjeux environnementaux et sociétaux actuels.
Sur le blé tendre, plusieurs leviers offrent à nous pour réduire la pression des bioagresseurs tout en améliorant la performance de vos fermes. Voici les principales méthodes à envisager pour optimiser votre gestion de vos blés tout en limitant les intrants chimiques.
Stratégies d’application et réduction des doses
L’application des fongicides doit être calibrée selon les stades physiologiques du blé et les conditions épidémiologiques :
- T1 (stade 1-2 nœuds) : protection ciblée contre la septoriose, la rouille jaune et l’oïdium avec une dose ajustée selon la pression réelle détectée. Une impasse du T1 est tout à fait envisageable pour une stratégie de gestion de septoriose et lorsque la maladie n’est pas montée dans les étages foliaires.
- T2 (dernier feuille étalée DFE) : intervention pivot, nécessitant majoritairement une association SDHI + triazole, une dose réduite est souvent envisagée en cas de faible pression ou lorsque le choix variétal a été anticipé lors du semis.
- T3 (floraison – ouverture des glumes) : traitement anti-fusariose si conditions favorables (pluies prolongées et cumul de 40mm lors de l’ouverture des glumes), en privilégiant des molécules à fort pouvoir curatif.
Le choix variétal et les mélanges variétaux : jouer la diversité
Le recours aux variétés rustiques et résistantes s’inscrit dans une démarche agroécologique visant à réduire l’utilisation des intrants chimiques tout en sécurisant les rendements. Voici quelques points clés de ces cultures :
- Tolérance accrue aux maladies et aux ravageurs : Ces variétés sont plus résistantes aux principales maladies et ravageurs. Leur capacité de tolérance ou résistance à la septoriose ou à la rouille est un choix gagnant pour limiter l’usage des phytosanitaires.
- Besoins réduits en fertilisants : Ces variétés ont la capacité de mieux valoriser les ressources du sol, notamment lorsqu’elles sont associées à des légumineuses fixatrices d’azote. Elles demandent alors moins d’intrants, ce qui réduit les coûts et l’impact sur le milieu.
- Tolérance au stress climatique : Les variétés rustiques sont généralement moins sensibles au stress climatique du fait de leur meilleure prospection racinaire et des plus fables exigences.
Les mélanges variétaux sont une autre piste pour limiter l’utilisation des fongicides. En combinant différentes variétés de blé tendre dans une même parcelle, on bénéficie de leur complémentarité en termes de résistance aux maladies. Par exemple, une variété résistante à la rouille pourra compenser la sensibilité d’une autre variété qui elle le sera plus à la fusariose. Cette diversité génétique a un effet de dilution des risques de maladies et sécurise les rendements. Cette méthode est aussi le premier levier permettant une impasse durable du passage T1 et peut ainsi limiter les traitements phytosanitaires et les coûts.
Voici les principaux bénéfices des mélanges variétaux :
- Meilleure gestion des pathogènes : Certaines variétés sont aujourd’hui très tolérantes voire résistantes pour certaines à la septoriose, fusariose, aux rouilles… En les associant, on évite que la pression d’un pathogène spécifique ne se généralise à l’ensemble de la culture.
- Stabilisation des rendements : La complémentarité des variétés permet de mieux répartir les risques climatiques ou parasitaires, ce qui conduit à une plus grande régularité des rendements d’une année à l’autre.
Pour bien choisir les variétés à mélanger, il est conseillé de prendre en compte leur complémentarité en termes de cycle, de résistances aux maladies, mais aussi de comportement face au stress hydrique.
La réduction de l’inoculum : une stratégie préventive
Une bonne gestion des résidus de culture est cruciale pour réduire l’inoculum, c’est-à-dire la quantité de pathogènes présents dans le sol ou sur les résidus de culture qui peuvent infecter la culture suivante. Voici quelques pratiques clés :
- Le travail du sol : Le travail du sol permet d’enfouir les résidus de culture, réduisant ainsi la quantité de spores disponibles pour infecter les cultures suivantes. Toutefois, plus que l’enfouissement des résidus, c’est l’activité biologique du sol et la dégradation rapide des résidus qui aura un impact notable sur l’inoculum en pathogènes. Il faut donc bien adapter le travail du sol à ses objectifs de gestion de l’inoculum.
- Rotation des cultures : Alterner les cultures permet de casser les cycles des maladies spécifiques au blé, notamment la septoriose et la fusariose. Une rotation incluant des légumineuses ou des cultures non-hôtes des maladies du blé permet de réduire la pression parasitaire pour la campagne suivante.
- Destruction des repousses : Les repousses de céréales après la moisson peuvent abriter les maladies. Il est donc recommandé de détruire ces repousses pour limiter les risques de contamination.
Surveillance et interventions ciblées : l’importance du diagnostic
Pour réduire efficacement les traitements phytosanitaires, il est crucial de bien surveiller l’évolution des maladies et de ne traiter que lorsque cela est nécessaire en se référant aux seuils d’interventions et aux simulations météo disponible lors de la campagne culturale.
De plus, le raisonnement des doses, la qualité de pulvérisation et les conditions d’application sont essentiels. Un traitement au bon moment, dans des bonnes conditions avec le bon matériel est déjà gage d’un traitement réussi. Ce diagnostic et ces ajustements lors du traitement permettent d’envisager sereinement la réduction des doses utilisées. Il est aussi recommandé de moduler les doses en fonction de la pression parasitaire observée sur la parcelle et non pas généraliser à la culture. Cela nécessite d’avoir une bonne connaissance de l’évolution des maladies sur ses parcelles.
Conclusion
Réduire l’utilisation des phytosanitaires sur le blé tendre est non seulement possible, mais peut aussi s’avérer économiquement avantageux si on utilise les bons leviers. L’association de cultures, le choix et les mélanges variétaux, la gestion de l’inoculum et une surveillance fine des maladies sont un ensemble de solutions pour y parvenir.
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