Déduction pour épargne de précaution : les règles 2025 à connaître pour les exploitants agricoles

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Publié le 21 novembre 2025
Agricultrice inspectant ses cultures avec une tablette à la main, illustrant la gestion financière anticipée à travers la déduction pour épargne de précaution.

La déduction pour épargne de précaution (DEP) est devenue au fil des années un outil fiscal majeur pour les exploitants agricoles. Elle permet de lisser le résultat imposable, de renforcer la capacité d’auto-financement et surtout d’aider l’exploitation à faire face aux aléas climatiques, sanitaires ou économiques.

La loi de finances 2025 a apporté plusieurs améliorations importantes au dispositif. D’autres évolutions pourraient entrer en vigueur avec le PLF (Projet de Loi de Finances) actuellement discuté pour 2026.

Ce guide vous explique, de façon claire et pédagogique, comment fonctionne la DEP, ce qui change réellement en 2025, et comment l’utiliser efficacement dans votre stratégie fiscale.

Qu’est-ce que la déduction pour épargne de précaution (DEP) ?

La DEP permet à un agriculteur de réduire son bénéfice imposable à condition de constituer en parallèle une forme d’épargne affectée à l’exploitation.

Le principe est simple : l’exploitant choisit un montant à déduire de son bénéfice.

En échange, il doit justifier qu’il a réellement mis de côté entre 50 % et 100 % du montant déduit.

A noter

Cette épargne ne doit pas obligatoirement être placée sur un compte bancaire. La loi reconnaît qu’une exploitation agricole génère naturellement des stocks et des valeurs qui peuvent être assimilés à de l’épargne. C’est cette particularité qui rend la DEP plus accessible qu’un simple dispositif d’épargne classique.

À quoi sert la DEP dans la gestion d’une exploitation ?

La DEP est avant tout un outil de lissage fiscal, permettant de réduire le bénéfice imposable les bonnes années pour redonner de la marge de manœuvre les années plus difficiles.

Les sommes déduites doivent être utilisées dans un délai de dix exercices pour faire face à des dépenses liées à l’activité : achats de semences ou d’aliments, renouvellement de matériel, charges exceptionnelles, investissements courants…

En d’autres termes, la DEP constitue une réserve professionnelle, mobilisable pour sécuriser la continuité d’activité.

Quels éléments sont considérés comme de l’épargne ?

Pour vérifier que l’exploitant a bien respecté le seuil de 50 à 100 %, plusieurs éléments comptables peuvent être considérés comme de l’épargne :

  • les stocks de fourrage destinés aux animaux ;
  • les stocks de produits ou d’animaux dont le cycle de rotation dépasse un an ;
  • certaines créances correspondant aux fonds mis à disposition d’une coopérative, d’une organisation de producteurs ou d’une association d’organisations de producteurs.

Cela signifie que l’exploitant n’a pas forcément besoin d’immobiliser de la trésorerie : une partie de la DEP peut être couverte par des stocks déjà présents sur l’exploitation.

Cette flexibilité fait de la DEP un outil réellement adapté aux réalités agricoles.

Ce qui change en 2025 : une exonération partielle de la réintégration

Normalement, lorsqu’une DEP est utilisée, le montant précédemment déduit doit être réintégré au résultat imposable.

La loi de finances 2025 introduit une nouvelle règle très avantageuse : 30 % de cette réintégration ne seront plus imposés, à condition que la DEP soit utilisée pour faire face à un aléa.

Sont concernés :

  • les aléas sanitaires ou environnementaux (maladies animales ou végétales, incendie, pollution…) pouvant être indemnisés par le Fond de mutualisation sanitaire et environnemental (FMSE) ;
  • les pertes de récoltes dues à des aléas climatiques indemnisés par un assureur ou via l’Indemnisation de Solidarité Nationale (ISN) ;
  • les pertes de moyens de production liées à une calamité agricole reconnue.

Pour bénéficier de l’exonération, l’aléa doit avoir touché directement l’exploitation et avoir entraîné des pertes réelles et constatées. Cette réforme augmente l’intérêt du dispositif en période de crise.

Ce qui pourrait changer en 2026

Deux ajustements importants pourraient entrer en vigueur, sous réserve d’adoption définitive :

Élargissement de l’exonération de 30 %

Elle pourrait être étendue aux indemnisations versées par l’État ou par tout organisme agissant dans un dispositif reconnu. Cela permettrait de couvrir davantage de maladies, comme la fièvre catarrhale ovine (FCO).

Prorogation du dispositif DEP

Le PLF propose de prolonger la DEP jusqu’aux exercices clos au 31 décembre 2028 (au lieu d’une fin prévue au 31 décembre 2025). À ce stade, ces mesures ne sont pas encore votées.

Comment fonctionne la DEP en pratique ?

Voici un exemple concret qui illustre le gain fiscal potentiellement important en situation de crise.

Un exploitant réalise un bénéfice agricole de 50 000 €.
Il choisit de pratiquer une DEP de 10 000 €.
Il doit donc justifier d’une épargne comprise entre 5 000 € (50 %) et 10 000 € (100 %).
Cette épargne peut être constituée d’un panachage : stocks de fourrage, placements financiers, stocks d’animaux, créances…

Trois ans plus tard, une sécheresse entraîne une chute brutale des récoltes.
L’exploitant mobilise sa DEP de 10 000 €.

Avant 2025 :

Les 10 000 € devaient être entièrement réintégrés dans son résultat imposable.

Depuis 2025 :

Seulement 7 000 € sont imposables.
3 000 € sont exonérés grâce au taux de 30 % applicable en cas d’aléa reconnu.

Pourquoi la DEP reste un outil stratégique en agriculture ?

La DEP apporte :

  • Une protection contre les variations souvent brutales du revenu agricole ;
  • Une capacité d’épargne adaptée aux spécificités de chaque exploitation ;
  • Un avantage fiscal immédiat et renforcé depuis 2025 ;
  • Une meilleure résistance financière face aux aléas ;
  • Une vision de long terme pour la gestion de trésorerie et d’investissements.

Elle demeure l’un des principaux leviers de la fiscalité agricole pour lisser les résultats et faire face aux aléas.

Ce qu’il faut retenir sur la DEP pour 2025

  • La DEP continue d’être un dispositif clé de la fiscalité agricole.
  • Depuis 2025, 30 % de la réintégration sont exonérés lorsque la DEP est utilisée pour faire face à un aléa.
  • Le PLF 2026 pourrait prolonger le dispositif jusqu’en 2028 et élargir l’exonération.
  • Une bonne tenue des justificatifs d’épargne est indispensable.
  • La DEP doit être intégrée dans la stratégie globale de gestion de l’exploitation.

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