Optimiser la qualité du maïs pour un meilleur pouvoir lactogène

  • Environnement
Publié le 10 septembre 2025
Épi de maïs coupé en deux, tenu à la main dans un champ, illustrant la qualité du maïs à maturité.

Un levier direct pour la performance laitière

En Bretagne, le maïs fourrage constitue la base des rations laitières. Mais tous les ensilages ne se valent pas : un maïs conduit et récolté avec soin peut apporter 1 à 2 litres de lait supplémentaires par vache et par jour par rapport à un ensilage à faible qualité. La qualité du fourrage, et non seulement sa quantité, conditionne donc directement la rentabilité laitière et la maîtrise du coût alimentaire.

Campagne 2025 : hétérogénéité et stress

Cette année, la campagne de maïs fourrage en Bretagne se caractérise par une grande variabilité au sein des parcelles. Les différences de sols, les semis réalisés à des dates variables et les pluies irrégulières ont conduit à des plantes de gabarits très différents, et parfois à des épis lacunaires.

Pour les maïs bien développés, la prévision de maturité reste relativement simple. Les modèles basés sur l’accumulation de températures permettent toujours d’estimer la date d’ensilage. Dans ce cas, c’est l’état du grain, notamment la lentille vitreuse et la progression de l’amidon, qui guide le moment optimal de récolte.

En revanche, les parcelles affectées par le stress hydrique de juin et début juillet posent davantage de défis. Les plantes sont plus petites, la fécondation a pu être irrégulière et le nombre de grains parfois insuffisant, rendant les modèles traditionnels peu fiables. Dans ces situations, c’est l’observation directe des épis et de la végétation qui devient déterminante, la conservation et la qualité du tassage du silo sera d’autant plus compliqué dans ce cas.

Récolter au bon stade pour préserver la valeur

La fenêtre de récolte est étroite : le maïs doit être récolté à 32-35 % de matière sèche plante entière. Trop tôt, l’amidon est insuffisant ; trop tard, les fibres se lignifient. Le grain doit présenter une ligne laiteuse ou ligne d’amidon aux deux tiers.

Les réglages de l’ensileuse font ensuite toute la différence : 7 à 9 mm de coupe et 95 % de grains éclatés minimum pour que l’amidon soit bien valorisé. Sans cela, une partie de l’amidon traverse le rumen sans être valorisée.

Bien conserver pour sécuriser la ration

Un silo efficace, c’est d’abord un bon tassement : la densité doit atteindre 250 kg de MS par m³ pour éviter les pertes fermentaires. Les inoculant lactiques, de plus en plus utilisés, renforcent la stabilité à l’ouverture et limitent les échauffements. L’utilisation de bactéries tels que les EM (micro-organismes efficaces) multiplié à la ferme peuvent aussi jouer un rôle prédominant dans le maintien des valeurs au silo.

Une fois le silo ouvert, des analyses régulières permettent de suivre l’amidon, l’UFL ou la digestibilité des fibres. Chaque point de digestibilité gagné peut représenter 0,3 à 0,5 litre de lait supplémentaire par vache et par jour.

Le choix variétal : miser sur amidon et digestibilité dès le départ

Importance de la variété dès le semis

Dès le semis, la variété orientera la qualité. Les hybrides riches en amidon digestible, bien éclatables, assurent un apport énergétique élevé pour les ruminants. L’objectif est de dépasser 33 % d’amidon dans la matière sèche, avec une bonne dégradabilité.

Certaines variétés “qualité fourrage” présentent une digestibilité des fibres supérieure de 3 à 5 points (dNDF) par rapport à des hybrides plus classiques. Cette différence se traduit par une ingestion accrue et une meilleure production laitière.

Une fertilisation raisonnée pour équilibrer rendement et qualité

La nutrition azotée joue un rôle clé. Trop d’azote, et la plante fait de la feuille au détriment du grain et l’amidon chute. La cible est ajustée selon les reliquats et les effluents disponible sur la ferme.

Rôles spécifiques des éléments :

  • Potassium : favorise la migration des sucres vers le grain
  • Magnésium : soutient la photosynthèse
  • Soufre : également important pour la qualité du fourrage

Enfin, l’eau reste un facteur limitant : un stress hydrique à la floraison peut réduire la teneur en amidon de près de 30 %. Ce point sera particulièrement regardé afin de rationner aux mieux les vaches à l’ouverture du silo.

Repères pratiques

  • Matière sèche idéale à la récolte : 32-35 %
  • Amidon digestible : > 33 % MS
  • UFL visé : 0,95 à 1
  • Éclatement des grains : ≥ 95 %
  • Densité du silo : ≥ 250 kg MS/m³

Le conseil Cerfrance Brocéliande

« La qualité du maïs est un maillon stratégique de la rentabilité laitière. Mieux vaut viser un maïs équilibré entre énergie, amidon et fibres digestibles plutôt que seulement du rendement. Un ensilage de bonne qualité permet de baisser de 40 à 60 €/vache/an en concentrés. C’est un gain direct sur la marge brute. »

Alex Chapelle, agronome Cerfrance Brocéliande.

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